Vous avez sans aucun doute remarqué que dans le tableau de présentation
de l'alphabet de la première
leçon, la plupart des mots donnés en exemples étaient précédés d'un
petit mot. Tous ces mots sont des noms, et les petits mots qui les
précèdent sont des articles définis.
En effet, le grec, comme le français, et à la différence du latin,
dispose d'un article défini. Il s'agit en réalité, à l'origine, d'un
démonstratif (comme le montrent encore les textes d'Homère par exemple),
dont l'emploi s'est élargi et généralisé pour devenir un véritable
article défini.
Cet article joue le même rôle de déterminant que son équivalent français
et se comporte de manière assez semblable. C'est lui qui porte pour le
nom la marque du genre, et s'accorde avec lui en nombre et en cas.
L'article défini grec est donc un mot déclinable dont il est nécessaire d'apprendre la déclinaison, c'est-à-dire les différentes formes qu'il prend selon, le genre, le nombre et le cas du substantif dont il est le déterminant.
Si, comme le français, le grec connaît le masculin et le féminin, il
connaît également un troisième genre, le neutre.
Pour les êtres humains (et les dieux !), le genre correspond généralement
au sexe, mais l'adéquation n'est pas toujours la règle : par exemple dans
le cas de mots formés par dérivation à l'aide de suffixes conférant un
genre particulier au mot formé.
tÕ Swkrat…dion, ou : mon petit Socrate (formé sur Ð Swkr£thj, ouj, Socrate, à l'aide d'un suffixe de diminutif.) (Aristophane, Les Nuées, 222)
Pour ce qui est des choses et des idées, en dehors des règles de dérivation évoquées à l'instant, il n'y a pas de réel moyen de connaître le genre d'un nom, si ce n'est en l'apprenant. C'est justement l'article qui dans un texte ou dans un dictionnaire indique le genre du nom qu'il détermine.
Comme pour les genres, le grec dispose d'un nombre supplémentaire
par rapport au français. On
y trouve le singulier, le pluriel et le duel qui, comme son nom l'indique
désigne ce qui va par paire.
Nous aurons l'occasion de voir que les règles d'accord au sein de la
proposition ne sont pas toujours identiques à celles du français, mais
pour ce qui est de l'accord de l'article et du nom qu'il détermine, les
règles sont absolument les mêmes.
Si l'article défini français est bien variable en genre et en nombre,
l'article grec apporte, lui, une petite nouveauté avec le principe de
la déclinaison et donc de la variabilité en cas.
L'article se met au même cas que le nom qu'il détermine. A noter qu'il
n'existe pas de vocatif de l'article.
La déclinaison de l'article défini peut donc se présenter ainsi :
Cas | Singulier | Pluriel | Duel | ||||
---|---|---|---|---|---|---|---|
Masc. | Fém. | Neutre | Masc. | Fém. | Neutre | ||
Nominatif | Ð | ¹ | tÒ | oƒ | aƒ | t£ | tè |
Vocatif | Pas de vocatif | ||||||
Accusatif | tÒn | t»n | tÒ | toÚj | t£j | t£ | tè |
Génitif | toà | tÁj | toà | tîn aux 3 genres | to‹n | ||
Datif | tù | tÍ | tù | to‹j | ta‹j | to‹j |
Soulignons tout de suite que si la plupart des formes des articles sont accentuées, les nominatifs masculins et féminins, singuliers et pluriels qui sont construits sur un radical différent de celui des autres formes, sont proclitiques, et donc non accentués. Certaines formes accentuées sont présentées ici comme des oxytons (accentuées de l'aigu sur la finale), mais bien entendu, en situation, c'est-à-dire généralement placées devant un mot accentué, cet accent devient grave.
tÕ dîron, ou, le cadeau
Cette déclinaison permet de mettre en évidence plusieurs points intéressants pour la suite de l'apprentissage des déclinaisons grecques.
Nous avons vu que le sens de base de l'article défini grec était le même que celui de son équivalent français. Il sert donc avant tout à désigner d'une manière précise quelque chose ou quelqu'un de bien déterminé.
Dhmosqšnhj 'AfÒbJ keleÚei crÁsqai tÍ t/o„k…v kaˆ to‹j ™n aÙtÍ skeÚesi.
Démosthène invite instamment Aphobos à utiliser la maison et tous les meubles qu'elle renferme.
L'absence d'article défini en grec peut parfois rendre l'opposition en français entre l'article défini et l'article indéfini.
Dhmosqšnhj Ð PaianieÝj teleut´ ™pˆ dÚo pais…, tù te Dhmosqšnei kaˆ qugatr….
Démosthène, du dème de Paeania meurt en laissant deux enfants, Démosthène et une fille.
Il ne faut pourtant pas considérer que l'absence d'article défini indique forcément un caractère indéfini.